Aboubacar Saïd Salim, doyen des écrivains comoriens, vient de s’en aller à 74 ans. « Fundi Abou » – comme l’appellent certains – compte des erreurs et des manquements des années post-soixante-huitardes. Son roman le plus connu – Le bal des mercenaires – relate l’épisode peu glorieux du mercenariat au temps d’Abdallah.
« Fundi Abou, c’est l’histoire d’un homme cabossé dans tous les sens du terme » affirme Soeuf Elbadawi. « Il y aurait beaucoup à dire sur sa vie, sur les souffrances endurées. Mais il avait cette lumière dans le regard que personne ne devinait au premier coup d’œil. Il avait le regard extralucide. Il savait passer le réel de ces cinquante dernières années à l’aune de la grande histoire, avec ces traumas et ces échecs, en se convainquant de la possibilité d’une autre vie en cet espace. On va probablement se contenter des oraisons funèbres. Saluer le fundi, le doyen, le plus grand, et il l’était, mais on oubliera le clown céleste, qui savait conjuguer son peptimisme – mot inventé par le poète Habibi pour dire le pessimisme et l’optimisme entremêlés – avec le droit de ce peuple à l’espérance, en misant sur les inconnus d’une équation. C’est ce qui faisait sa grandeur et sa complexité. Respect pour cet esprit qui, longtemps encore, continuera à veiller sur nous ».