Plaider pour des laboratoires privés

Nous nous sommes tous accordés sur le fait que les producteurs comoriens ont besoin d'un laboratoire ou d'une institution capable de leur fournir des informations sur leurs produits, pour leur permettre de progresser vers la certification.

Lors de la cérémonie de clôture du projet PIDC (Projet Intégré de Développement des Chaînes de Valeur et Compétitivité) en Aout 2024, j'ai eu le privilège de participer à un panel très intéressant qui abordait, entre autres, la question de la qualité et de la valorisation du Made in Comoros dans le monde.
Le public était composé d'entrepreneurs, d'experts et de responsables de l'écosystème de développement économique du pays. Étaient également présents le directeur général du laboratoire national INRAP et le directeur général adjoint de l'Agence Nationale pour la Promotion des Investissements (ANPI).

Nous nous sommes tous accordés sur le fait que les producteurs comoriens ont besoin d'un laboratoire ou d'une institution capable de leur fournir des informations sur leurs produits, pour leur permettre de progresser vers la certification.
Il a été souligné à l'audience que, lors des expositions internationales, certains produits — voire la quasi-totalité — sont jugés non conformes aux normes des pays hôtes, et encore moins aux standards internationaux.

Comment cela se passe-t-il ?

Des agents des laboratoires des pays hôtes passent dans les stands comoriens pour acheter des produits comme échantillons. Ces échantillons, qui ne sont pas soumis à un contrôle rigoureux pour les expositions, sont analysés et souvent jugés hors normes. Lors des expositions où un contrôle est exigé, ces agents viennent en connaissance de cause pour prendre des échantillons.
La quasi-totalité de nos produits sont souvent non conformes, ce qui les rend invendables pendant ces événements, entraînant ainsi des pertes conséquentes pour le pays et une grande déception pour nos artisans et producteurs. Ce fut notamment le cas lors de l'Expo 2020 de Dubaï.

Face à cette situation, nous savons tous que la meilleure défense contre une expertise est de disposer d'une contre-expertise. Dans notre pays, c'est à l'INRAP de jouer ce rôle en tant qu'institution régalienne de l'État.
Je profite de cette occasion pour les remercier des efforts fournis jusqu'à présent pour accompagner les producteurs locaux, et pour la confiance qu'ils portent à mon projet de jus de fruits naturels à production semi-industrielle.

Cependant, il est évident qu'INRAP, seul, ne peut disposer d'un laboratoire unique capable de fournir toutes les analyses nécessaires pour les produits Made in Comoros. Mais en tant qu'autorité régalienne et légale de surveillance et de contrôle pour la sécurité des consommateurs, INRAP a le pouvoir, tout comme elle délivre des autorisations aux producteurs, de déléguer certains de ses pouvoirs à des laboratoires privés, afin de compléter sa mission et de soulager les producteurs locaux.

Cette idée renforce ma conviction quant à l'importance et la compréhension globale de la chaîne de valeur, mais surtout quant à la nécessité d'une coopération public-privé, pour propulser notre pays vers le rang des pays émergents.
Bien que certains décideurs présents aient montré une certaine incompréhension immédiate, j'ose espérer qu'avec le recul, ils auront pu reconsidérer mon idée pour le bien de l'économie nationale.
Si ce n'est pas le cas, j'espère que ce billet leur servira de mémo pour approfondir la réflexion, soulager nos producteurs locaux et hisser le Made in Comoros au plus haut rang des produits de qualité à l'échelle mondiale.

Azhar Bacar
Entrepreneur, Consultant NTIC, Activiste panafricain et pacifiste.

Secretaire Général de la Fédération Panafricaine des Entrepreneurs Francophones (FEPF) 


Bacar Azhar

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